Le voyage en solitaire comme thérapie
Quand on pense à un tour du monde ou à un voyage long terme en solitaire, on pense au départ rencontrer différentes cultures, découvrir des paysages ou vivre des expériences. Ceci est vrai mais après plusieurs semaines ou mois de voyage en solitaire, on se rend compte aussi que l’on passe par différentes épreuves et états émotionnels (positifs comme négatifs). Le voyage se révèle alors un accélérateur d’expérience et vous permet alors d’aller puiser au plus profond de vous-même.
Tous les voyageurs en solitaire ont souvent une histoire et un passé bien à eux surtout si le voyage intervient après avoir commencé à travailler. Chaque voyage est différent et chaque voyageur aura sa définition d’un tour du monde ou d’un voyage long terme. Et je pense même que sa définition évoluera entre ses différents voyages et selon l’âge auquel il le fera.
De mon côté, j’ai décidé de partir en voyage long terme à 34 ans. J’avais décidé de le faire après plusieurs années d’envie lors d’une transition professionnelle du salariat vers l’entrepreneuriat. Cette décision fut prise pour suivre plus mes envies que mes peurs et d’arrêter de subir ma vie. Pourtant le fait de partir en solo était ma plus grande crainte car j’avais peur que ce manque d’échange soit un véritable boulet. Pour autant, pourquoi se priver des belles choses de la vie parce que dans la vie nous sommes célibataires ? Je me suis donc lancé.
Au début, je ne souhaitais pas parler de tour du monde car pour moi on n’en fait jamais vraiment le tour. Mais partant vers l’ouest et revenant depuis l’est, j’ai fini par me décider par employer aussi ce terme qui parle au plus grand nombre. L’objectif avant de partir était de réussir à retrouver l’énergie que ma vie quotidienne personnelle et professionnelle avait puisée au fonds de moi et que j’avais cherché à régler par différents moyens de compensation (sports, accumulation de projets) ou d’apprentissage de la psychologie de différentes manières (lecture, échanges spirituels, thérapeute et psychiatre). Je ne regrette pas cette partie ; car pour moi, ils m’ont donné une base solide pour comprendre ce que je souhaitais vraiment dans le fonds pour ma vie et à plus court terme pour ce voyage. En dehors de cela, je n’attendais pas grand chose de ce voyage et je voulais lui laisser le champ libre malgré un programme bien préétabli pour 18 mois avec un billet tour du monde réservé avec 12 vols modifiables et deux grandes zones de liberté en Amérique du Sud et Asie.
Pour moi, ce voyage a commencé en France où j’ai pris le temps de vivre pendant un mois, en voyant famille et amis de façon plus individuelle. Cela faisait comme une impression de profiter de l’instant présent car on ne savait pas quand celui-ci se représenterait. Certains n’aiment pas quand j’utilise cette image mais quand une personne disparaît, on regrette parfois de ne pas l’avoir vu ou partagez assez. Là cela fait comme si on connaissait le terme et que du coup on avait cette chance de pouvoir partager cet instant. Ce fut donc un moment particulier et fort avec chacun. Souvent, on ne mesure pas que la vie ou une amitié peut s’arrêter à tout moment et un départ comme celui-là en fait prendre conscience.
Durant ce premier mois, je suis aussi parti à ma rencontre lors d’une retraite de méditation Vipassana au cœur de la campagne bourguignonne. Une expérience particulière où je suis passé par tous les états émotionnellement et physiquement. Cela faisait longtemps que je voulais faire cette expérience et ce temps de liberté a été pour moi l’occasion de le faire. Une belle expérience complémentaire de tout ce que j’ai pu vivre par ailleurs et que je recommande pour tous ceux qui ont la motivation pour le faire car on va chercher loin mentalement. J’ai eu l’impression de retrouver des sensations ressentis lors de mon premier et unique marathon.
Une fois pris le premier vol, nous ne pouvons plus reculer ou plutôt si on peut toujours mais on ne le souhaite pas. Les premiers jours peuvent être compliqués pour se lancer comme des amis ayant fait un voyage long terme avait pu me l’expliquer. Il faut donc se mettre en mouvement. Partir vers le lieu qui vous attire le plus. Pour moi, cela a été vers la jungle sur la côte caraïbe du Panama. Cela a été le premier virage de mon voyage et son vrai départ où je me suis retrouvé isolé au milieu de la nature avec des gens extraordinaire car eux même sans filtre tout comme la nature qui les entourait. Cette rencontre avec la nature et cet isolement a aussi été l’occasion d’écrire ce que je ressentais et ce qui ressortait de mon passé. Après on apprend à vivre la vie au jour le jour en allongeant la durée de notre séjour aux endroits où l’on en ressent l’envie et le besoin et à bouger plus rapidement des endroits qui nous conviennent le moins. L’inconnu fait peur en général et en voyage solo, on reste une proie facile qui nous rend encore plus prudent. Mais finalement d’expérience en expérience, on se rend bien compte qu’avec un peu d’attention (et de chance parfois c’est sûr), il y a bien plus de gens bien attentionnés sur notre planète que de gens malveillant. Seulement, on voit plus facilement les seconds qui souvent nous marque et nous blesse. En voyage, chaque jour est synonyme de choix et d’une attention à ce qui nous entourent car nous sortons de notre zone de confort. Ceci peut être fatigant mais c’est aussi une chance extraordinaire pour repousser ses limites et savoir ce que l’on souhaite vraiment pour soi. On a toujours le choix de changer de direction, de parler à quelqu’un, d’aller vite ou plus lentement. Si l’on fait quelque chose qui ne nous convient pas, c’était notre choix et on ne peut accuser personne car quoiqu’il arrive c’est nous qui avons le volant de notre vie. Vous me direz que sans voyager, c’est aussi le cas, ce qui est vrai mais je pense qu’en voyage en solitaire, on le voit encore plus facilement. On apprend à accepter le changement au quotidien et même plusieurs fois par jour pour se respecter vraiment et pour faire face à ce qui se présente à nous positivement comme négativement. Pour cela, il faut accepter aussi d’avoir moins de programme ou que ce programme puisse évoluer pour ne pas s’en rendre prisonnier. Le voyage réapprend donc à vivre l’instant présent et d’accepter ses états émotionnels tout en s’adaptant continuellement et en se posant la question sur ce qui est le meilleur pour soi.
La suite de mon voyage a donc été un ensemble d’expériences positives et négatives avec de belles rencontres et des difficultés que j’ai surmonté à chaque fois. Pour la confiance en soi, rien de tel que de ne pas compter que sur les autres pour les surmonter mais de voir que nous avons des ressources parfois insoupçonnées face à de très nombreuses épreuves. J’ai souvenir d’un guide au Pérou qui lors d’un trek m’a dit que nous autres européen voyons toujours le problème ce qui nous énerve et nous stresse alors qu’en fait il y aura toujours une solution à la fin… pas celle que nous avons décidée ou avec l’heure que l’on a décidée mais une solution quand même donc pourquoi se prendre la tête ! D’un côté, je me disais qu’il avait raison mais je n’arrivais pas encore à avoir ce lâché prise permanent. Tout est une question de point de vue et de prisme de vision de la vie.
J’avoue, j’avais encore pas mal de coup de mou et j’avais l’impression que malgré des choix dans le sens que je souhaitais, de belles rencontres et des lieux magiques, je vivais encore beaucoup de hauts et de bas qui m’entraînaient sans le vouloir vers des choses négatives et me fatiguaient. Jusqu’au moment où je suis arrivé dans le pays qui m’a le moins convenu en terme de mentalité de la population et des touristes ou plutôt des PVTistes (personnes de moins de 30 ans avec un visa leur permettant de travailler sur place pendant un an). Ce pays était vu comme un Eldorado pour certains et pour moi, il a au début été la goutte d’eau qui a fait débordée mon vase intérieur, j’ai nommé l’Australie. Dans ce pays avec des panoramas magnifiques distant de centaines de km voire de milliers, avec des animaux endémiques par centaines, mon mal être est ressorti et m’a fait aller chercher des vérités sur mon passé qui ne changeait pas mon présent mais que j’avais sans doute besoin d’absorber pour passer à la suite dans mon présent.
J’en étais à 8 mois de voyage à l’étranger (avec un grand passage en Polynésie française) et il m’en restait en théorie 9… mais voilà, j’étais fatigué… Fatigué d’abord de voyager en solo, car même si l’on rencontre toujours du monde et que l’on n’est jamais vraiment tout seul (sauf à le décider bien sûr), on reste sur de l’éphémère où l’on raconte souvent la même chose et où l’on reste sur un échange différent qu’avec des amis ou de la famille. Après, je nuance mes propos car il y a parfois des rencontres de quelques minutes qui nous marque plus que des personnes que l’on connaît depuis des années… J’étais également fatigué d’accumuler des expériences dont je ne profitais plus et de ne pas construire à plus long terme. J’avais envie d’arrêter de penser dans le vide à mes projets entrepreneuriaux futurs qui évoluaient en permanence et de passer plus à l’action concrètement. Je me suis donc dit que je n’allais pas me rendre prisonnier de ce voyage comme l’on peut se rendre prisonnier parfois de son travail ou de sa vie perso et j’ai décidé après plusieurs jours de réflexion de modifier mon parcours en rentrant plus tôt en France. Je ne voulais pas le faire sur un coup de tête et j’ai quand même décidé de rester un peu de temps en Australie en cherchant à profiter d’une manière ou d’une autre. J’ai donc fait des journées plus en mode touriste, j’ai cherché des compagnons de voyages pour quelques jours de roadtrip et j’ai fait des choses simples qui pouvaient me faire plaisir (un massage, un bon petit dej ou une bonne glace, un compagnon pour aller boire un verre, lire un bon bouquin, regarder des films…etc). Cela m’a poussé à chercher du positif dans ce moment de mal être où les gens que je croisais pouvaient aussi faire preuve d’intransigeance car on souhaite rencontrer des gens cool pour des moments aussi courts. J’ai eu une amie très présente par message sur mes deux jours les plus bas mais je l’ai aussi usée j’en ai conscience et c’est vrai que cela a eu des incidences sur la suite de nos liens. J’ai donc dû me débrouiller seul et rebondir. Accepter ces moments de mous tel qu’ils étaient et leur impermanence (comme on l’apprend en base dans la méditation). Au final, trouver ce pour quoi je voulais vivre.
Lors de mon changement de programme, j’ai accepté de perdre des vols que j’avais payés pour gagner en liberté et ne pas me rendre prisonnier de ce qui était prévu ou dépensé. Finalement dans tous les cas, cela aurait été du gâchis d’argent et dans ce cas autant ne pas s’en rendre prisonnier mais chercher ce que nous souhaitons vraiment dans le fonds. Je dirais qu’il faut souvent dans la vie accepter de perdre quelque chose pour atteindre notre réel but. J’ai donc choisi de faire deux autres pays avant de rentrer définitivement pour avancer dans ce que j’avais comme idée.
Le premier était l’Indonésie et plus précisément Bali où j’ai décidé d’aller dans les lieux proches des lieux touristiques mais plus isolés et plus proche de la nature et des locaux. Finalement je m’isolais encore plus des touristes mais je pouvais ainsi côtoyer des locaux qui étaient moins transformé par le tourisme et l’argent. Ainsi, je prenais de plus en plus conscience que par ce choix, je choisissais aussi de m’isoler et de vivre autre chose et que je ne pouvais finalement avoir des rencontres à plus long terme avec d’autres français par exemple en m’isolant autant, il fallait l’accepter. Accepter ses états émotionnels, ses envies, ses choix et leurs conséquences, vivre au jour le jour avec le positif et le négatif. J’avais de moins en moins de coup de mou mais un nouveau coup de mou différent m’a rattrapé une journée, je l’ai accepté. Je ne me suis pas laissé abattre par ce que me disait mon hébergeur sur le si peu à voir. J’ai d’abord décidé de l’écouter et de marcher dans la direction du village qu’il m’avait indiqué sans rien trouvé qui me correspondait. J’ai alors décidé de suivre mon instinct, de faire demi-tour et de prendre une autre route puis se perdre sur des petits chemins au milieu des rizières et de la forêt. Parfois, il y avait de beaux échanges avec les locaux juste par un sourire et un regard (la plupart ne parlant pas bien anglais). Au détour d’un nouveau chemin, j’ai croisé et rigolé avec des enfants qui jouaient à cache cache en rigolant en me voyant, j’ai fini par parler au père des enfants qui parlait un peu anglais et qui m’a invité chez lui. Il m’a offert un café et on a discuté un peu. Il m’avait vu le matin sur la route du village alors qu’il ramassait des fruits pour son travail. Il m’avait reconnu car aucun touriste ne vient dans ces chemins (l’un comme l’autre). Il m’a alors proposé de voir une cascade que seuls les locaux connaissent puis de faire une mini rando au sein des arbres fruitiers (où il m’a fait goûter des fruits que je ne connaissais pas) et des rizières en allant à la rencontre des locaux qu’il connaissait avec leur histoire. C’était une rencontre magique et qui m’a prouvée encore une fois qu’il fallait accepter ses moments de mal être mais ne pas s’enfermer dedans. Il fallait aussi continuer de suivre son instinct et d’aller à la rencontre des autres car au bout d’un moment, toute période négative finit par passer et qu’une belle aventure nous attends à un moment ou un autre. La méditation me l’avait aussi apprise et c’est par l’expérience que je l’ai réellement compris.
La fin de mon voyage fut plutôt positive avec un moral presque au beau fixe malgré un gros problème physique qui aurait pu jouer en négatif sur le moral. En effet, suite à un problème après de la plongée, je me suis fait une belle frayeur en allant voir sur internet ce que cela pouvait être (ne jamais le faire comme on dit !lol). Du coup, énorme frayeur, coup de stress et peur de mourir mais finalement goût de vivre affirmé et cela m’a fait me poser une question : Est-ce que j’aurais des regrets dans ma vie si je mourais le lendemain et la réponse fût négative… la vie est donc belle !
Par ailleurs, après Bali, j’avais prévu de finir mon voyage par le Népal et un trek mais ces problèmes physiques m’en ont empêchés. J’ai toutefois écouté mon physique, adapté mon rythme et mon programme. Je n’ai donc pas fait de trek mais j’étais tout de même satisfait de ce moment même sans rien faire et en allant voir des spécialistes médicaux pour mon problème. Je ne pouvais pas faire ce que j’avais prévu mais finalement je m’adaptais au quotidien à ce que je ressentais et pouvais faire en fonction de ce problème et en laissant la place pour l’inconnu aussi. J’ai donc commencé à vraiment voir la vie philosophiquement comme je voulais le faire depuis des années. J’ai vraiment vécu au jour le jour en ne prévoyant pas trop à long terme ce qui me permettait de profiter de l’instant présent et des opportunités qui se présentaient à moi.
Le retour en France est souvent difficile pour les personnes partant à long terme mais de mon côté, il a été pour le moment positif au niveau du moral malgré des problèmes physiques persistants et des vols retours chaotiques. Je pense qu’il n’y a pas de hasard et que cette période où je me suis plus posé au Népal m’a permise sans le savoir de continuer à faire le point sur moi et le voyage et de voir encore plus l’intérêt de vivre les choses telles qu’elles se présentent tout en essayant d’aller chercher le positif et accepter les moments de légers moins bien.
En conclusion, j’ai l’impression que par ces expériences, j’ai réussi à passer outre ces épreuves et à enfin avancer positivement dans la vie sans regret. Je vois le positif de tout ce que j’ai fait dans le passé même si tout ne fut pas parfait, j’ai fait ce que je pouvais faire de mieux pour moi et j’ai essayé de prendre les meilleures décisions sur le moment présent. Il n’y a donc aucun regret à avoir. Désormais, je veux continuer à ne pas me remettre trop de contraintes tout en respectant les autres et en réussissant à m’engager sur ce dont j’ai vraiment envie par choix et non par obligation. Pour moi, ce voyage m’a fait office d’une thérapie complémentaire à tout ce que j’avais appris et vécu par le passé et j’en ressors grandi et heureux d’être là où je suis quel que soit ce lieu. Aujourd’hui, je peux être heureux avec moi-même et c’est tout ce qui compte pour profiter de la vie telle qu’elle est. Le voyage intérieur continue en permanence tout au long de sa vie et il faut savoir s’écouter.
Pour élargir la réflexion, nous nous rendons parfois trop prisonnier de notre vie et de notre quotidien. Je pense qu’il est intéressant de s’interroger sur ces contraintes pour voir comment en sortir et ainsi se rendre cette liberté petit à petit. Pas besoin de partir en voyage pour cela et ce n’est pas parce que l’on part en voyage qu’on en tirera les mêmes conclusions. Chacun possède son expérience du voyage et en tire ses conclusions selon ce qu’il aura vécu et ce qu’il sera prêt à faire pour évoluer. Comme toute thérapie, il s’agit d’un moyen mais pas d’une fin en soi et chacun est libre de choisir ce vers quoi il veut aller et son rythme. Personne ne peut le faire à notre place… Je pense que tout le monde a du talent et des idées, il faut juste aller au-delà de la peur initiale pour essayer d’avancer et surtout accepter de se planter ou changer de direction. On est tous tomber avant de marcher donc pourquoi se juger si durement et s’empêcher d’exister.
Un autre point que j’entends souvent est le fait que lorsqu’on voyage à long terme, on a de la chance et on ne peut se plaindre. Il s’agit souvent d’un point de vue et je dirais que celui qui pense cela pourrait aussi l’appliquer à toute la vie car comme je l’ai dit auparavant le voyage est comme une vie en accélérée et cela comporte tous les aspects du reste de la vie. Un voyage est souvent aussi un choix et j’ai croisé des gens qui voyagent avec très peu d’argent. Penser que ceux qui voyagent sont forcément plus riche que ceux qui restent en France est en partie erroné et cela dépend de qui l’on parle mais le voyage est surtout une ouverture de plus dans ses choix. Chaque voyageur comme chaque être humain a son histoire et il faut savoir la respecter comme on se respecte. On a tous un prisme de vision de par notre expérience et chacun a le sien pour la vision du monde, il est important d’en avoir conscience.
Accepter sa différence et la différence des autres permet de se respecter tout en respectant les autres et même si l’on est tous plein de contradictions, tout être humain n’a envie que d’une chose dans le fonds, c’est d’être heureux.😊
PobAroundTheWorld
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